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mamadou sakho
A 20 ans, l’international Espoirs est le plus jeune joueur de l’effectif du PSG. Derrière son imposant gabarit (1m87 sans la crête ! 82 kg) se cache un jeune homme attachant que les événements de la vie n’ont pas épargné. “Mams” aurait pu mal tourner mais grâce au foot, le voilà devenu un modèle pour beaucoup de jeunes. Gros plan sur un Parisien pure souche
Une enfance pas toujours rose
“J’étais un enfant difficile et sans le foot, j’aurais sûrement fait des bêtises. Le PSG, c’est un peu la chance de ma vie. Je veux rendre au club ce qu’il m’a apporté”. Mamadou Sakho sait qu’il revient de loin. Né à dans le XVIIème arrondissement de Paris, ce quatrième garçon d’une famille de sept enfants a grandi à la Goutte d’Or (Barbès) et dans l’Est de la capitale, à Porte de Vincennes puis Nation. “J’étais la tête dure de la famille, je n’étais pas facile à gérer”, concède-t-il dans un léger sourire.
Mais sur un terrain de foot, plus question de rigoler ! Licencié au Paris FC de 6 à 12 ans, le Franco-Sénégalais est vite devenu la cible des dirigeants du Paris Saint-Germain qu’il rejoignait l’année 2002.
PSG, une adaptation difficile
Des quartiers au centre de préformation de Conflans, l’adaptation fut délicate. Car les règles, ce n’était pas trop son truc : “J’ai failli me faire renvoyer à cause de mon comportement. Je n’acceptais pas qu’on me donne des ordres comme par exemple à quelle heure je devais aller me coucher. Déjà que chez moi, je répondais à mes parents, alors venant des autres…” Christian Mas, son premier éducateur en “moins de 13 ans” (actuel entraîneur des gardiens du PSG), confirme : “J’ai volontairement été dur avec lui en lui disant qu’on pouvait le renvoyer s’il ne se pliait pas aux règles. C’était plus une menace qu’autre chose, pour son bien”.
Car le PSG sait qu’il tient là un joyau. Et qu’il faut juste le polir. C’est chose faite au bout d’un an. “A 13 ans, j’ai eu un déclic, je me suis pris en main”. Assagi, Mamadou devient la tête de proue de la formation parisienne. “Il est devenu un leader et un exemple sur et hors du terrain, raconte Christian Mas. Je l’avais nommé capitaine. C’est quelqu’un de profondément bon. J’ai rarement vu un jeune avoir autant le goût de la compétition. Outre ses qualités physiques et techniques hors norme, il déteste perdre, il aime être le meilleur”. Quand à 14 ans, son père décède brutalement, Mamadou garde le cap. Et fait front grâce au foot : “Quand tu es jeune et que tu perds un de tes parents, c’est horrible. J’ai d’abord voulu tout arrêter mais je me suis dit que ça ne servait à rien. J’en tire une très grande force aujourd’hui”. Deux mois plus tard, le défenseur était élu “meilleur joueur” du prestigieux tournoi international du PSG. Alain Cayzac, alors président de l’Association, s’en souvient bien : “J’étais dans les tribunes.
Il m’a fait forte impression. Depuis ce jour-là, je crois beaucoup en lui”. Milieu gauche repositionné défenseur, l’apprenti footballeur a franchi les échelons avec une étonnante facilité.
Leader dans l’âme
Il faut dire que depuis qu’il a 14 ans, “Mams” a toujours été surclassé et capitaine. “Je suis un joueur de caractère, qui n’aime pas trop se faire bouger. J’aime bien maîtriser. On me dit souvent que je suis leader dans l’âme”. Lorsqu’il devient champion de France avec les 18 ans, il a trois ans de moins que les autres ! Normal, le jeune homme a toujours été en avance sur son âge. A 16 ans, il a même failli disputer son premier match en pro grâce à Mario Yepes qui blessé, lui a ouvert les portes du groupe pro plus tôt que prévu.
C’était au Parc le 10 février 2007. PSG-Monaco, 82ème minute, Boukari Dramé peine à se relever après un choc avec Koller. Le Guen l’appelle, Sakho ôte son chasuble mais…. retourne s’asseoir sur le banc. “J’étais un peu déçu, je n’avais que 16 ans en plus. J’ai vraiment eu des frissons, j’avais déjà foulé la pelouse du Parc mais c’était en poussins avec le PFC”. Son bizutage, lui, n’a pas été reporté ! Devant ses coéquipiers, il choisit d’interpréter Pitbull de son ami Booba.
Athènes, premier match en pro
Quelques jours plus tard, le 14 février à Athènes, il débutait le seizième de finale de la Coupe UEFA.
Quel beau cadeau d’anniversaire pour ses 17 ans, qu’il avait eus la veille. Ultra-perfectionniste, Mamadou se rappelle : “Après le match contre l’AEK, on m’a appelé pour me dire bravo mais moi, je n’étais pas du tout content ! Surtout au niveau tactique et dans le rythme. J’ai pris conscience de tout le boulot qu’il me restait à faire”. Ses premiers maillots, il les a tous offerts à sa mère. Fort de ses 23 matches en L1 (une quarantaine toutes compétitions confondues) il a depuis largement contenté famille et amis. Le 14 juin 2007, il paraphait un contrat pro de trois ans avec son club formateur.
Huit mois plus tard, Paul Le Guen le nomme capitaine. Valenciennes-PSG, le 20 octobre, Mamadou se voit confier le brassard pour sa première titularisation en L1.
A 17 ans et 8 mois, il devient le plus jeune capitaine dans l’histoire du club et certainement en championnat. Une décision autant controversée que médiatique. Il tient à s’expliquer une bonne fois pour toutes : “Je ne me suis jamais pris pour un autre. Je n’ai pas changé subitement de comportement. Sur le terrain, rien n’a changé : j’encourage, je replace quand il faut replacer mais ça, je n’ai pas besoin de brassard pour le faire”. Il a fait la une des journaux bien malgré lui : “Honnêtement, j’ai été surpris, tout ça m’a mis mal à l’aise, c’était trop, ça m’a gêné. On me donne le brassard, qu’est-ce que j’aurais dû faire, ne pas le prendre ? Le brassard, ça ne se refuse pas. On en a trop fait. Depuis, je m’exprime le moins possible dans la presse. C’est une des raison pour laquelle j’ai voulu créer ce site”.
Fan de Thuram, Heinze et Drogba
Il y a un an, il vivait encore chez sa mère dans l’est de Paris. Aujourd’hui, il vit seul dans un appart de Saint-Germain-en-Laye. Avec sa crête, qu’il arbore depuis deux ans, vous ne pouvez pas le rater. “L’œuvre d’art” est signée “Baba Cool”, un coiffeur ivoirien sur Paris chez qui vont beaucoup de footballeurs.
En L1 comme en équipe de France, Mamadou continue son apprentissage du haut niveau. En Espoirs, Erick Mombaerts compte désormais sur lui. Comme d’habitude, le Bleuet est le benjamin du groupe. Pour autant, Sakho ne s’enflamme pas. Tout simplement parce qu’il sait d’où il vient : “Les choses de la vie ont fait que je suis devenu responsable”. Et où il va ! Le fan de Thuram, Heinze et Drogba est conscient du chemin qu’il lui reste à parcourir tout en restant très ambitieux : “Je sais exactement ce que je veux. Mais je le garde pour moi sinon les gens vont dire : ‘Pour qui il se prend ?’”.